Tout a commencé il y a quelques semaines maintenant. S. m’annonce que suite au désistement du photographe prévu sur le concert de Greenday au parc des princes le 26 juin, je dispose d’une accréditation pour ce soir là. Etourdissement. Le parc des princes. Et Greenday. Deux bonnes raisons de s’évanouir.
Le temps passe et j’oublie. Presque. Le jour J je contacte comme convenu le manager du groupe pour connaître l’heure et le lieu de rendez vous. Là mauvaise nouvelle : le nom du photographe prévu n’ayant pas été fourni dans les temps, l’accréditation a été suspendue par le service de sécurité. Dur. Déception. Le genre d’occasion folle qui ne se représentera sans doute jamais. Tentative de diversion.
A 16 h, le même jour, je reçois un message du manager qui m’annonce que le problème a été réglé avec la sécurité et que je suis attendue à 17h30 pour couvrir l’ensemble du set ou à 19h30 pour Greenday seul. Vu que je suis encore, à ce moment là, dans ma lointaine banlieue, j’opte pour la deuxième option.
C’est là que tout démarre.
16h35. J’ai chargé mon paquetage, j’arrive à la voiture, ravie. Là je constate qu’il fait quelque chose comme 45° à l’intérieur. Je manque d’air en m’installant. 3 minutes après avoir démarré, je transpire déjà à grosses gouttes mais les vitres étant complètement baissées, le courant d’air me rafraichit un peu. Carrément agréable. Carrément pathogène.
16h50. Premiers bouchons. Je ne roule pas donc l’air ne circule plus autour de moi et ma situation s’apparente désormais à celle d’un poulet sur la broche : je cuis. Les gaz d’échappement en plus. A l’aide.
17h00. Toujours aussi difficile de circuler. Je suis au comble de la luisance et je commence à franchement dégouliner. Je constate que mon mascara n’est pas waterproof et que grâce à lui j'ai des yeux de pandas. Sexy en diable.
17h12. Un jeune homme vraisemblablement ursidophile me fait de grands sourires et me mime l’action de téléphoner en me signifiant qu’il veut mon numéro. Comme si c’était le moment…
17h20. La situation s’améliore niveau trafic. Courant d’air salvateur. Je revis.
17h30. Rebouchon dans Paris. Je maudis l’absence de climatisation dans ma voiture. Au moins je ne pollue pas éhontément comme tous ces conducteurs pimpants qui roulent vitre fermées à mes côtés. Conducteurs que, à ce moment précis, je déteste.
18h40. Je finis par me garer. Porte d’Auteuil il y a ce soir là le concert de greenday (30 000 personnes env.) et, pas loin, le festival Solidays. Autant dire que chercher à stationner relève de la gajeure et que les armadas de képis dépêchés sur place n’y peuvent rien.
18h47. Les abords du parc sont jonchés de détritus en tout genre et de pigeons qui s’en régalent. Pas de doute, des milliers de personnes ont attendu là. Une clameur me parvient depuis l’intérieur du parc. Vivement que j'y sois aussi.
18h50. J’arrive au parc des Princes. Je récupère le pass. Très intimidée.
19h30. Tous les photographes accrédités sont là. Il y a de vrais pros qui parlent gros concerts et voyages à l’étranger. Je me sens toute petite et pas très à ma place soudain. Angoisse.
19h40. Toujours pas entrés dans le parc on retrouve les photographes qui ont shooté les premières parties. Pour chaque session ils ont eu le droit de rester seulement pendant 3 titres puis ont été conduits sur le trottoir en attendant la suivante. Classe...
19h45. On nous apprend qu'on n'aura le droit de photographier que pendant les deux premiers titres. Soit 8 minutes environ. La tension monte d’un cran pour tout le monde.
19h55. Ca papote matériel, missions et concerts. La plupart des photographes sont des habitués qui se retrouvent souvent apparemment. J’écoute.
20h15. On nous fait entrer juste avant que le concert ne commence. Pas le temps de parfaire les réglages ni de repérer les lieux. Il faudra expédier les photos du public en deux minutes pendant l’installation. Le public justement est chaud bouillant grâce à Billy Talent et Paramore qui ont assuré la première partie. Ferveur contagieuse dans la fosse.
Cheveux crêpés, tatouages, piercing : les premiers rangs sont ultracolorés. Cornutos, langues tirées, faces grimées, symboles sataniques en veux tu en voilà : Pas de doute, il s’agit d’un concert de punk rock.
Ambiance :
L’entrée de notre groupuscule armé d’appareils photos dans le parc est impressionnante : En toute dernière minute, avec circuit imposé et accompagnement musclé jusqu’ au pied de la scène. Ambiance corrida et lâcher de taureaux dans l’arène.
Fix d’adrénaline. Go !
20h17. Greenday arrive : le chanteur Billie Joe Armstrong, slim rouge, cravate rayée sur chemise noire badgée et yeux lourdement kohlés, le bassiste Mike Dirnt et le batteur Tré Cool s’installent. Le public hurle. C’est vraiment parti.
Le premier titre Song of the Century met tout le monde dans le bain : Le groupe n’a pas besoin de chauffe, il est tout de suite dans l’action : Les musiciens arpentent la scène de long en large en bondissant et posant alternativement, faisant monter la tension tandis que les écrans géants latéraux retransmettent les images de la scène et du public.
Dans la fosse, derrière les crashs barrières, on se marche un peu dessus avec le service d’ordre qui n’en finit pas d’évacuer les victimes de malaise. Grosse chaleur, longue attente, excitation qui retombe : Ca tombe comme des mouches dans la fosse. Branle-bas de combat chez les secouristes. Autant dire que ça frétille sévère dans notre couloir.
Je passe à deux doigts de l’arrêt cardiaque quand la première explosion retentit : Pendant le show, des flammes jaillissent de l’arrière de la scène en même temps qu’une déflagration énorme résonne. Bouchons d’oreilles ou pas, je vibre.
Je m'en remets bien vite et, alors que j’essaie de prendre des photos, obnubilée par l’urgence de la situation, on me saisit violemment l’épaule. Il s’agit d’une demoiselle du public qui, quand elle croise mon regard hurle le bras tendu à l’extrême en direction du sol : « Là le médiator, par teeeeerrrrrrrrre, tu le ramasses et tu me le files, ok, ok, vvvviiiiiiiiitttttteeee". Puis devant mon absence de réaction :' Atteeeennnnds, mais t’attends quoi là, vas yyyyyy ! ». Rock'n'roll spirit ?
Deuxième morceau, 1st Century Breakdown. Le staff fait monter un fan complètement en transe sur scène. Il a le regard ahuri de celui qui n’en revient pas d’être là.
Instant surréaliste, Billie Joe le prend en photo sur scène avec la foule du parc des princes en arrière plan, le fait chanter au micro devant le public qui l’acclame puis joue le modèle en se faisant photographier à son tour par le jeune homme toujours aussi incrédule. Soudain, il le saisit par le tshirt et lui ordonne de sauter dans la foule, poussant le public à l’encourager à faire le saut à grand renfort de cris et de gestes d’appel. On lit un instant la panique dans ses yeux mais il finit par y aller, galvanisé par les vivats de la foule. Instant complètement dingue, je crois qu’on partage tous son émotion sur le coup. En voilà un qui a vécu un moment qu’il n’oubliera sans doute jamais.
Son incroyable aventure en photos :
Greenday a assuré ce samedi 26 juin un concert de folie parfaitement rôdé pendant plus de deux heures, avec les titres de ses différents albums mélangés à des reprises mythiques (highway to hell d’AC/DC par ex. voir setlist en fin de billet) faisant sauter et danser les spectateurs du début à la fin, déclenchant des moments d’hystérie franche avec leurs titres emblématiques et faisant sans cesse participer le public, cassant le côté froid et distant souvent associé à des scènes de cette capacité là.
Plusieurs fans ont d'ailleurs été amenés à partager le délire du moment. Ca a d'ailleurs été l'occasion de révéler LA star de la soirée : A un moment donné, une jeune fille est invitée à rejoindre Billie Joe qui lui cède le micro. Elle chantera intégralement le morceau seule, arpentant la scène comme une vraie pro et sautant, hurlant et grimaçant quand il le faut. Elle ira jusqu’à improviser des duos avec les musiciens du groupe et à parcourir l’immense plateau en chantant , bondissant, s’adressant directement au public qui la suivra dans ses délires improvisés et en se livrant même à des dérapages qui se terminent à genoux en bout de scène. Le public justement n’en revient pas. Le groupe non plus. Billie Joe la suit comme il peut et quand le morceau se termine il l’applaudit et la félicite. Ovation de la foule.
Il faut dire qu’elle le mérite : Elle a assuré une prestation qui, si la voix n’était vraiment pas à la hauteur, était digne des plus grands performers pour le jeu de scène. Après l’avoir largement congratulée, Billie Joe débranche sa guitare pour la lui offrir. Stupéfiée, elle récupère le précieux cadeau avant de retourner se mêler à la foule.
Tout au long du set, Billie Joe glane sur la scène les accessoires projetés qui parviennent jusqu’à lui et s’en habille. Clin d’œil politique ? Après s’être coiffé d’une couronne strassée très clinquante il chausse une paire de lunettes colorées et se saisit d’un drapeau français. Après l’avoir enroulé façon turban, il se met à grimacer sur scène. Le drapeau français sous lequel se cache un emblème monarchique, des singeries devant des armées de caméras et d’appareils photos qui crépitent; ça me rappelle vaguement quelquechose mais quoi ?
Superbe set des punk rockeurs de la West Coast ce samedi 26 juin. Ils ont fait trembler le parc de Princes et ses environs jusqu’à la nuit tombée.
On n’en attendait pas moins d’eux. Mission accomplie pour Greenday !
Le lien vers l'album complet des photos du soir est ICI.
Setlist du concert de Greenday le 26 juin au parc des Princes
Song of the century - 21st Century Breakdown - Know Your Enemy - East Jesus Nowhere –Holiday - The Static Age - Give Me Novacaine - Are We The Waiting - St. Jimmy - Boulevard Of Broken Dreams -Nice Guys Finish Last- Burnout- Waiting- Geek Stink Breath -Dominated Love Slave- Hitchin' A Ride - Welcome To Paradise - When I Come Around - Iron Man/Sweet Child O Mine/Highway To Hell - Brain Stew
Jaded- Longview - Basket Case – She - King For A Day- Shout/Teenage Kicks/Can't Get No Satisfaction/Hey Jude/Paint It Black - 21 Guns – Minority - American Idiot - Jesus Of Suburbia- When It's Time - Wake Me Up When September Ends - Good Riddance (Time of Your Life)
Merci à Musique Mag .
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