Dans le dernier numéro de Rock And Folk (août 2010) 5 spécialistes déplorent l'absence de petites salles rock permettant aux jeunes groupes de démarrer (Lire Le rock français en débat : HM, Philippe Manoeuvre, Yarol Poupaud, Jean-Vic Chapus, Pacôme Thiellement). Difficile en effet de se lancer dans des grandes salles aux tarifs dissuasifs et à l'ambiance souvent glaciale. Pas le droit de fumer, difficile de consommer de l'alcool car les salles rock sont souvent excentrées et difficiles d'accès si on n'est pas en voiture: Les 5 sages dressent le constat d'un esprit rock moribond que toute la bonne volonté de la jeunesse ne parvient pas à ressusciter pour cause de conditions matérielles inaproppriées et de lois ultra-répressives qui se multiplient. Soit.
Du coup certains sont tentés d'ouvrir de nouvelles voies, d'envisager de nouvelles formes de live. June Hill est un de ces groupes qui résistent et tentent de trouver des alternatives à ces restrictions multiples pour éviter la standardisation des concerts version aseptisée.
Exemple concret? Vendredi 16 juillet, le staff de June Hill est réuni devant l'église Notre Dame du travail, dans le 14ème arrondissement de Paris, pour un concert sauvage.
Un concert sauvage kesako?
C'est pas compliqué : c'est un concert donné dans un endroit insolite, annoncé au dernier moment (essentiellement pour cause d'absence d'autorisation préfectorale) pour tous les heureux qui souhaitent y assister, sans même qu'ils aient à s'acquitter d'un droit d'accès. Une sorte de concert ouvert pour faire connaitre de jeunes groupes au public le plus large possible. Des blogs ou webzines musicaux sont conviés afin d'assurer un suivi de l'évènement sur le net après que le concert est terminé. Simple et efficace. Le genre de concept que j'adore.
Diaporama réalisé à partir d'un extrait de l'album du concert sauvage.
L'album complet avec photos du public...est ICI.
Vendredi 16 juillet,donc, je fais partie d'une drôle d'assemblée qui évoque un peu, visuellement, celle d'une féria improvisée rapport au fait que la plupart des participants arborent une pièce de tissu ou un accessoire de couleur rouge. Moi même, d'ailleurs, je porte des collants rouges. Oui, tu as bien lu, des collants. Alors que nous sommes en plein été caniculaire et qu'il fait, ce vendredi là, très chaud. Mais il y avait un dress-code à respecter et je m'y suis pliée; fallut il pour cela risquer la surchauffe! Les idées saugrenues ne manquent pas : ici on dénote la présence d'un string de dentelle rouge suspendu à un instrument, là on détecte du vernis à ongles carmin au bout des doigts qui pincent les cordes de la guitare, plus loin c'est une écharpe qui accroche l'oeil, à côté un chapeau...C'est TRES coloré, varié et au final très gai!
En cette fin d'après midi parisienne, on peut dire que l'esprit du rock était avec nous :
D'abord, ce concert s'est donné en toute illégalité. Ensuite, les musiciens étaient un peu "comme à la maison" alors personne ne s'est refusé la pause-cigarette ou la pause-bière salvatrice quand le besoin s'est fait sentir. Pas de convention. Proximité maximale.
Pas de setlist arrêtée non plus. On sent bien que les 4 qui sont là ont à coeur de faire partager leurs compos et quelques covers: impossible de les arrêter. Chaque fois qu'un nouveau spectateur se joint à l'attroupement, ils mettent un point d'honneur à jouer un titre supplémentaire : Carrément bon esprit!
Côté musique, les morceaux de June Hill sont tantôt portés par une voix douce et caressante, celle d'Amaury, tantôt par une voix un peu rugueuse et rauque, celle de Thomas, qui me rappelle celle de Chad Kroeger, le chanteur de Nickelback.
Les arrangements sont plutôt folk encore qu'ils glissent souvent vers le post grunge avec des sonorités qui m'évoquent certains morceaux de Creed notamment. C'est Youc qui est à la batterie et Jérôme qui est à la basse.
Petite pépite réservée aux happy few conviés : le titre du premier single, maintenu secret jusque là, est dévoilé à l'occasion au milieu d'un bel enchainement de morceaux par lesquels on se laisse transporter.
La reprise en fin de session de ABC des Jackson Five est un joli moment de groove à la sauce June Hill qui se déguste comme un chocolat après un bon repas : On est déjà rassasié de bonne musique mais c'est trop bon pour ne pas apprécier à sa juste valeur ce cadeau délicieux.
D'ailleurs côté cadeaux le staff n'a pas été avare : distribution de bières, de chocolats-pour-les-enfants comme s'il en pleuvait, d'un délicieux gateau maison et de bonbons bourrés de gélatine et de colorants comme on les aime (Sabine, Pauline, Margaux,...N'est ce pas que c'était carrément une bonne idée aussi?). Carrément bon esprit, je te dis!
Alors oui je t'entends déjà... Comment ça à part la bière c'est pas rock'n'roll ce menu?
Qui osera dire que ce n'est pas rock de risquer un diabète-flash en engloutissant tout ça? Personne...On est d'accord!
Excellente initiative donc, que celle de June Hill, qui a distribué ses douceurs musicales et les autres avec une générosité rare.
L'histoire de ce groupe est déjà longue et riche en bons moment, avec des premières parties mémorables, des scènes un peu partout en France et une quantité incroyable de sessions live. Et son origine est digne d'un roman d'invention : Deux amis se jurent, à l'adolescence, de monter un groupe ensemble. La vie étant ce qu'elle est ils se perdent de vue et se retrouvent par hasard 10 ans après leur serment, qu'ils honorent : June Hill est né.
Depuis les 4 musiciens ont à coeur de se faire connaitre en multipliant les innovations dans le domaine du live : concerts sauvages, sessions live dans des endroits improbables, ils ont aussi pour habitude de s'inviter en guest surprise dans des soirées. D'ailleurs si tu organises un truc sympa chez toi et que l'on sonne à ta porte alors que tout les invités sont déjà là, ne t'étonne pas si c'est Karl Bernier et ses 4 protégés qui sont derrière la porte!
En bref, tu l'auras compris : June Hill c'est un groupe dont on n'a pas fini d'entendre parler et dont je pressens que l'histoire pourrait bien rapidement virer au conte de fées.
Un film façon "June Hill au plus près" est actuellement en cours de tournage/post-production. Voici en bonus un extrait-teasing avec la séquence du backstage de la première partie de Coeur de Pirate :
Et pour terminer deux clins d'oeil :
"Ah oui, alors comme ça on n'a pas le droit de faire ça, ah d'accord...Et sinon, vous reprendrez bien un petit morceau de gateau, hein? Allez, ça nous fait plaisir!"
Tentative de corruption d'un agent de l'état dans l'exercice de ses fonctions: Ca va chercher loin vous pensez?
Et enfin une mention spéciale à la plus jeune fan du groupe, un peu la mascotte de cette session en plein air, qui a respecté elle aussi le dress code, d'une ravissante façon :
Un de mes morceaux préférés de June Hill en vidéo ici:
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