We were evergreen.
Voici un groupe dont la pop enjouée et pétillante est idéale pour accompagner votre réveil par une jolie matinée de printemps. Vous savez, celles dont on sent avant même d'avoir décillé qu'elles annoncent une belle journée. Celles, trop rares, où c'est un rayon de soleil qui vient doucement vous sortir de la torpeur nocturne.
A la première écoute, on pense que les influences sont à situer du côté des plus jolies ballades de Cocoon ou du fameux Mushaboom de Feist mais leur premier EP, vraiment réjouissant, présente 6 morceaux pleins de surprises qui permettent de réaliser que la musique de ce groupe est le résultat d'influences beaucoup plus complexes.
La plupart des titres qu'on y découvre sont bourrés d'énergie : ça tape, ça sonne, ça remue.
Ici des notes joyeuses échappées d'un piano se mêlent aux sonorités du kazoo pour créer une ambiance jazzy fougueuse qui évoque les folles heures de la Nouvelle Orléans (« thieves like us »). Là, un court dialogue de film introduit un joli bazar remuant où ça chante, ça « clap, clap », ça « gggrrrr », bref, ça fait du bruit, façon comic strip musical (« Waiter, waiter »). Impossible de résister à la tentation de chanter le couplet de ce titre repris crescendo : vous succomberez forcément : Faites le test, je parie qu'avant la fin du morceau vous aurez aussi lancé quelques "Waouh" avec eux! Leur disque est en fait une jolie compilation d'expériences variées qui invitent au voyage dans le temps et dans l'espace. Ainsi, « Way back home », le morceau qui clôture le disque, sonne comme un vieux 45
tours un peu grésillant tandis que dès les premières notes de « eighteen » une voix
féminine mélodique (celle de Fabienne) égrène les jours sur des arrangements qui évoquent l'ouest américain à grand renfort de banjo et d'harmonica. "Vintage car", titre nostalgique au beat entrainant surprend quant à lui avec ses incantations tribales psalmodiées en fin de morceau.
Chaque titre est prétexte à créer une ambiance riche aux évocations fortes qui invite votre imaginaire à monter son propre petit décor, guidé par la richesse des arrangements.
Je mise gros sur le fait que vous ne saurez pas résister à l'enthousiasme communicatif qui émane de leur musique ni à la tentation de reprendre à tue tête certains refrains en vous trémoussant gaiement. Exactement comme je le fais depuis quelques jours dans ma voiture sous le regard ahuri de mes voisins d'habitacle.
Je pense en particulier au refrain de « the sea in between » ou à la rengaine « I'll find a way back home » qu'on trouve sur le dernier morceau de leur EP et qui installe une atmosphère teintée très « séventies » avec cordes de guitare et tambourin très présents. Ce dernier est exactement le genre de titre qu'on s'imagine bien reprendre sur une plage un soir d'été autour d'un feu de camp improvisé. Mais là je m'égare.
« The sea in between » est un morceau plus calme qui permet, après une introduction
légère faisant la part belle au glockenspiel et à la guitare, de découvrir la voix de Mickaël dans un autre registre. Celle-ci se fait émouvante quand il entonne le refrain (« I wait for you to come flyin', I wait for that explosion in the sky... ») tandis que plus loin, les chants polyphoniques évoquent certains morceaux mythiques des Mamas and the papas.
Pour récapituler disons que de la musique de We were evergreen s'échappent des rythmes incroyablement entrainants, des arrangements riches et variés et des refrains qui déclenchent une irrépressible envie de les reprendre en chœur. Dans le cadre du festival « Ici et demain », le groupe s'est produit au foyer musical du théâtre du chatelet, mardi 16 mars.
Que dire de ce concert? D'abord, il y a le cadre qui à lui seul mérite un petit descriptif : Il s'agit d'un salon extraordinairement bien situé (en plein cœur de Paris), au charme classique, décoré de lustres "grand siècle", de tableaux classiques encadrés de dorures et meublé de banquettes de bois sculpté tendues de velours pourpre-le même qui habille les grandes baies vitrées donnant sur la place du chatelet.
Au centre, un espace a été dégagé pour accueillir le groupe qui a installé là un peu de son univers. Le public peut ainsi découvrir en pénétrant dans la salle ici un téléphone en bakélite orange (négligemment posé sur le piano), là une tête de buffle bricolée-façon trophée de chasse (du plus bel effet) tandis qu'au sol trône une machine à écrire rétro qui semble tout droit sortie d'un vieux Maigret.
Cette installation permet de vérifier que ces trois là sont préoccupés par l'univers visuel qui leur est associé et invitent le spectateur à une immersion totale dans leur esthétique le temps d'un concert. J'écris « vérifier » car leur clip réalisé pour le morceau « Penguins and moonboots" permettait déjà de le supposer. On y découvre en effet, à la faveur d'un montage ambitieux, leur look rétro-déjanté qui -à l'image de leur musique- mélange audacieusement des influences classiques et des innovations ingénieuses apportant juste-ce-qu'il-faut d'excentricité.
Ce soir là l'entrée en scène du groupe se fait toute en sobriété. On perçoit un petit frémissement d'angoisse le temps pour eux d'appréhender le public et de s'installer, tension qui disparaît rapidement quand ils se mettent à jouer. kulélé, piano, kazoo, guitares, maracas, tambourin, glockenspiel, machine à écrire (oui vous avez bien lu, la machine à écrire dont on pense en arrivant qu'elle fait juste partie du décor est un instrument à part entière)... : Les arrangements multi-instrumentaux du disque sont restitués sur scène et le jonglage qu'ils imposent est parfaitement rôdé.
Ces trois là semblent s'amuser franchement pendant le concert et les spectateurs avec eux. D'ailleurs une partie du public n'hésite pas à danser gaiement sur les morceaux.
Il faut dire que l'ambiance s'y prête, les 3 inaltérables (evergreen qu'ils disent) ayant installé une jolie dynamique. D'ailleurs moi-même si je n'avais craint trop de flou lié au mouvement sur mes photos...
Fabienne, William et Mickaël de "We were evergreen" sur scène ou dans leur EP délivrent donc une pop légère et revigorante, beaucoup plus typée que ne le laisse présager la pochette du disque -aux teintes trop fades à mon goût- ornée d'un joli graphisme façon tangram polychrome sur fond aquarellé (qui rappelle un peu celui du dernier album d'Hocus Pocus, dont les tons -eux- me ravissent complètement).
Vous reprendrez bien un peu de bonne humeur aujourd'hui, ma p'tite dame? Alors filez vite sur leur page myspace et faites le plein de bonnes ondes (musicales).
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