Je me suis enfin résolue à regarder "17 fois Cécile Cassard" emprunté depuis quelques temps et que je tardais à visionner, désespérée que j'étais de me dire qu'il s'agissait là du dernier film de C. Honoré que je n'avais pas encore vu et qu'après celui ci je n'aurais plus rien à convoiter avant longtemps...
Il s'agit du premier long métrage de C. Honoré en tant que réalisateur.
Il nous livre un film d'une douce violence.
Tout y est emprunt de délicatesse : les ambiances sont feutrées, les lumières tamisées...
On y retrouve des thèmes récurrents chez le cinéaste (obsessions d'artiste?) : l'eau très présente, la mort d'un être cher, la représentation de l'homosexualité (ici tantôt marginalisée, tantôt magnifiée).
Il y a même une scène qui rappelle dans "17 fois..." une autre de "Ma mère" .
Il s'agit de la course d'un jeune homme après Cécile (incarnée par Béatrice Dalle), course pendant laquelle il la poursuit sous une pluie battante en lui avouant son amour, scène qui n'est pas sans rappeler la scène où le personnage joué par
L. Garrel dans "ma mère" poursuit la voiture qui emporte loin de lui sa mère (incarnée par I. Huppert) sous une pluie torrentielle également en lui révélant ce qu'il pense d'elle.
Il s'agit d'un film dans lequel le spectateur n'est sûr de rien, la lumière ne se fait jamais vraiment, on entrevoit plus qu'on ne voit; comme à cette heure, dite entre chien et loup, où l'on distingue si difficilement les ombres de la réalité, où tout se mélange sans qu'il soit possible d'être certain de ses perceptions.
La violence de ce film ne réside pas dans les images elles mêmes ni dans la mise en scène mais dans les situations :
Cette femme qui perd l'homme qu'elle aime et pour qui rien n'existe plus, qui est détruite et perdue jusqu'à délaisser son enfant et finit par l'abandonner pour tenter de trouver la solution à cette situation invivable : se reconstruire ou quitter ce monde auquel elle n'appartient plus.
Tenter de survivre malgré la tentation de la mort, malgré les désillusions, survivre et peut être aimer à nouveau, au moins aimer la vie, d'une autre façon...
Beaucoup d'émotion se dégage de ce film sur la quête de soi (déjà), l'errance et le doute.
Certaines séquences sont vraiment très belles (Cécile et son "aventure aquatique" sous le pont), les scènes filmées en arrière du personnage nous montrent sa nuque et placent le spectateur dans une situation étrange : Il a la sensation d'être présent et de peut être pouvoir intervenir, renforcant le sentiment d'impuissance face aux situations poignantes.
Que dire de Béatrice Dalle, sublime à tous points de vue... Elle partage l'affiche avec Romain Duris qui, comme à son habitude, fait montre d'une vraie présence. Ces deux là sont un peu dans le même registre : celui des acteurs indiscutablement charismatiques.
Bref, j'ai terminé le film ravie (par l'oeuvre) mais un peu triste (à quand le prochain?).
Commenter cet article