Giedré j'en ai entendu parler comme ça la première fois : "Alors tu vois c'est une meuf, elle chante des chansons trash(s?) et tu vois ben c'est génial".
Hum...
Moi comme je suis des fois d'un naturel méfiant (pas toujours tu noteras et je devrais sans doute l'être plus souvent mais bon) je me suis dit : "Ecoute ma belle (oui des fois je me dis ma belle, quand le moral est un peu bas et là c'était pas la grande forme faut croire) t'as suffisamment de concerts de prévus aux Francos pour ne pas commencer à te disperser sur les projets zarbis. Fais déjà ce que t'as prévu et après, tu aviseras".
Et donc Giedré n'était pas prévue sur ma programmation perso quand je suis partie pour les Francos.
Et pourtant.
Pourtant, Giedré a un prénom qui est loin d'être commun. Comme moi.
Pourtant Giedré est blonde. Comme moi.
Et pourtant Giedré joue de cette image de blondinette bien-sage-bien-élevée pour surprendre son monde. Et j'aime ça.
Autant dire que Giedré avait déjà pas mal d'atouts pour me plaire, de prime abord.
Et si je t'en parle là, tu te doutes bien que c'est parce que ma route a fini par croiser la sienne. Alors voilà :
Quand arrive la soirée où elle est attendue au théâtre Verdière avec Didier Super (qui présentait sa comédie musicale loufoque), j'ai envie d'y aller mais vraiment pas le temps. Je ne fais donc pas d'effort spécial pour me libérer et je laisse les autres me raconter ça vite fait : Les échos sont bons mais manquent de clarté. J'en retiens surtout un "mais cette fille est complètement folle" qui en viendrait presque à me faire regretter de l'avoir ratée.
Bon.
J'en reste là pour un temps.
Et puis voilà, en intercale sur la grande scène de Saint Jean d'Acre, le soir où Asa, Ben l'Oncle Soul et Tiken Jah Fakoly sont attendus, c'est Giedré qui s'installe. Allure de première communiante, juvénile et soignée. Maquillage léger, petites barrettes savamment fixées, jouets en plastique coloré. On s'attend vraiment à ce qu'elle joue des titres marrants mais dune grande naïveté. Cet accoutrement de bécassine dopée aux multivitamines (oui je reprends mes mots de la veille, texto. Mais c'est que je suis un peu fatiguée aussi, tu m'excuseras, dis?) ça laisse l'imaginaire vagabonder.
Et puis elle attaque les premières notes, seule à la guitare avec 10 000 personnes devant elle. Et elle a du cran. Parce qu'alors que le public s'imagine qu'elle va chanter de mignonnes comptines, la belle envoie ses textes décapants en souriant.
Première réaction : on est décontenancé, c'est vrai. C'est que ça déroute aussi, une fille, jolie en plus, qui pose des mots crus sur de jolies mélodies et raconte des histoires vraies mais à cauchemarder. Giedré ose dire tout et n'importe quoi. Tout ce qui lui passe par la tête avec une volonté evidente d'aller chercher celui qui l'écoute et de l'amener à se questionner sur les limites acceptables ou non en matière de chanson (les enlèvements d'enfants, les déviances sexuelles ou comportementales de ses contemporains, les "grossièretés"...). Giedré chante des histoires bizarres, le quotidien hardcore avec des mots qu'on n'entend pas souvent posés sur de la musique.
Parfois Giedré émeut aussi. Elle nous prend un peu au dépourvu du coup...
Je sens que ça t'intrigue aussi alors voilà je te mets quelques exemples ici. C'est toi qui l'auras voulu, hein.
Pardon d'avance à celles et ceux qui pourraient être choqués mais l'intitulé du billet aurait dû les faire renoncer plus tôt. Fallait écouter. Enfin bien lire. Enfin bon tu vois c'que j'veux dire. Enfin écrire.
Bref.
Déjà il y a celle là, "Les Moches" qui explique preuves à l'appui qu'être belle est un fardeau alors que les moches ont tellement plus de chance, elles : ("être belle c'est des problèmes au quotidien que ne connaitront jamais celles qui n'excitent que leur chien").
Je suis fan de ce décalage complètement barré, autant te l'avouer tout de suite.
J'ai mis 24h avant de me prononcer mais là c'est clair. J'aime ce qu'elle fait.

Giedré ne va pas sauver le monde mais déjà elle va répondre à la question de Maurice, tu vois. (Toutes les occasions sont bonnes pour caser les Robins des Bois, n'est ce pas, haha).
Par contre, elle casse un peu le mythe de la fille-princesse. Faut le savoir. Ames sensibles s'abstenir.
D'ailleurs si Pef vient à passer par là il est dispensé de lien vidéo. Sous peine d'arrêt cardiaque immédiat.
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