En ces temps où le népotisme le plus décomplexé s'affiche jusqu'à la tête de l'Etat, je me méfie de l'engouement provoqué par la cohorte de "fille/fils de" qui font carrière dans la musique.Le talent comme héritage génétique, j'ai du mal à y croire...
Alors bien sûr que le fait de baigner depuis tout jeune dans un univers artistique bouillonnant, de multiplier les rencontres avec ceux qui font l'époque et l'accès facile aux supports musicaux les plus variés doivent faciliter l'épanouissement d'un tempérament même rien qu'un peu créatif.Mais n'est pas artiste qui veut.
Aussi, quand la planète musicale a commencé à frémir de la rumeur selon laquelle Izia, enfant virtuose ayant pour père le grand Jacques Higelin, débarquait sur la scène rock française en lui apportant une énergie qu'elle n'espérait plus, je me suis méfiée. Et j'ai fait preuve d'une parfaite indifférence vis à vis de la nouvelle.
Jusqu'à ce soir.Jeudi 18 février 2010.
Je suis au Plan pour voir Gush qui assure la première partie du concert et, à ce jour, je n'ai toujours pas entendu un seul morceau interprété par Izia. Je me laisse le plaisir de la découvrir à travers sa prestation scénique prévue ce soir.
La jeune femme arrive après s'être fait attendre juste ce qu'il se doit pour susciter le désir du public qui la réclamait à grand renfort d'exclamations désespérées. Côté allure, la belle est résolument rock: Féline avec sa longue et épaisse crinière lâchée sur ses épaules, toute de noir vêtue, elle arbore un court short et un body à demi transparent recouvert -pas pour longtemps- d'un perfecto dans la plus pure tradition rock : jolie silhouette, sexy et très graphique. Juchée sur de vertigineux talons, elle domine l'auditoire, pleine d'une assurance légitime.
Accompagnée de ses fidèles musiciens, aussi électriques qu'elle, le concert nous délivre une dose d'énergie considérable, naviguant entre des influences rock d'époques variées. Entre les morceaux, Izia se livre à des intermèdes habilement menés, avec humour et aisance, multipliant les échanges avec le public et accentuant la connivence qui s'installe naturellement entre un artiste et un public qui est venu pour lui. Sa façon de s'adresser au public masculin de la salle (déjà passablement enfiévré par l'abus d'alcool), sa gestuelle et ses postures souvent plus que suggestives amènent très vite la salle au comble de l'excitation. L'ambiance devient très vite orageuse, trop riche en testostérone à mon goût.
Note pour plus tard : à l'avenir, lorsqu'un concert résolument rock est prévu au Plan, prendre garde à m'installer latéralement, loin de la fosse centrale, définitivement trop remuante pour une longue chose fragile comme moi. De nombreux mâles commencent assez tôt à se dévêtir (pas complètement je vous rassure), sur invite de la star de la soirée, et à exprimer assez crûment leur envie de laisser libre cours aux instincts primaires que la belle reveille en eux.
La salle est très vite en surchauffe (dans tous les sens du terme : 40°C au milieu de la foule) et les spectateurs sont nombreux à devoir sortir pour reprendre leurs esprits. L'occasion de discuter avec quelques membres du service de sécurité qui me livrent leurs angoisses quant à la gestion du public de ce soir, qu'ils jugent vraiment très "chaud". Le concert se déroule cependant sans heurt malgré la montée graduelle de la tension installée dès les premières minutes, qui finit par rendre l'air un peu pesant.
Izia enchaine les morceaux sans perdre de son énergie (au contraire) et termine en soutien gorge, s'aspergeant tout le corps avec l'eau échappée d'une bouteille attrapée au passage : Elle achève ainsi de séduire l'auditoire masculin qui n'en peut plus de désir. A noter qu'elle semble s'en amuser franchement car elle en joue beaucoup, avec une pointe d'ironie par moment.
Déchainement final, Izia s'en prend au matériel et finit même par faire circuler parmi le public certains des instruments qui l'accompagnaient sur scène (et pas des moins encombrants). Face à ce spectacle, je suis partagée.
On ne peut que saluer la performance qui est indiscutablement riche et efficace mais il me semble que l'ensemble manque un peu de sincérité. La musique est franchement bonne pour qui aime le "vrai"-rock-qui-décoiffe et je ne dis pas que la belle ne croit pas en ce qu'elle fait car il est évident qu'elle y met tout son coeur (et tout son corps) mais il me semble aussi que l'on glisse parfois (souvent?) dans le catalogue d'imitation de situations qui ont fait la légende de la scène rock et que c'est cette accumulation qui est responsable du sentiment de malaise que j'ai ressenti pendant le concert.
Izia est une jeune femme à suivre, sur scène, car le show est incomparable mais il me semble qu'elle gagnera à s'éloigner des clichés qu'a bâti l'imaginaire collectif autour du rock pour créer un univers plus personnel et plus touchant.
Une preuve de maturité artistique?
Je viens de trouver ceci qui me semble retranscrire assez bien la folie de cette soirée :
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