Le jour où j'ai joué du pianocktail...(avec Vanessa, on était un peu au paradis, crois-moi)
Gondry je l'aime pour une multitude de raisons mais la principale est sans doute qu'il a su garder un regard d'enfant sur le monde qui l'entoure. J'entends par là qu'il parvient à ne pas freiner son imagination et s'autorise à tenter tout un tas d'expérimentations et de bricolages pour mettre en scène ses idées les plus folles.
J'aime. Depuis toujours.
Aussi, quand on a annoncé qu'il allait adapter au cinéma le célèbre roman de Boris Vian, "l'écume des jours", j'ai immédiatement été enthousiaste. Parce que la rencontre de son génie foutraque avec la folie de Vian me paraissait une évidence.
Et puis les premières images sont arrivées. La "voiture-nuage", entre autres (oyez, oyez, je l'ai vue en vrai)(j'ai même posé à côté) (coucou la pose-de-la-fille-coincée)(poser d'un air détaché je te le dis, c'est un métier).
Et la collaboration avec l'INPI a été officialisée.
L'Institut National de la Propriété Industrielle. Que de promesses derrière tout ça : la possibilité de donner vie à toutes les idées folles qui peuvent naitre d'un imaginaire aussi riche que celui de Gondry lorsqu'il se décide à rendre vivants les mots de Vian. Et ca n'a pas manqué.
Ce qui frappe dans cette adaptation cinématographique de "L'écume des jours" c'est cette profusion d'idées géniales qui s'incarnent à chaque plan, voire qui pullulent à chaque plan. Surtout pendant la première 1/2h.
Si bien qu'on se surprend à vouloir stopper l'image pour être sûr de ne rien manquer de tout ce qui attire l'oeil et retient l'attention.
Loin de moi l'envie de vouloir dresser une liste exaustive de toutes ces créations (j'en serais de toute façon bien incapable) mais enfin pense à moi lorsque, sur l'écran, tu verras circuler le plat de petits fours dans une soirée mondaine ou encore lorsque tu découvriras l'arrache-coeur matérialisé façon arme-pince-à-sucre (pense à moi aussi lorsque la pharmacienne exécute l'ordonnance sur une mini-chaise-électrique)(pour ma part, j'ai pouffé).
Retrouver l'histoire de Chloé et Colin, c'est un vrai plaisir en soi. Déjà.
Assister à la débauche d'effets et d'idées que Gondry a souhaité pour les accompagner, c'est merveilleux. Littéralement. J'étais comme une enfant au spectacle : des étoiles plein les yeux, je poussais de petits soupirs d'émerveillement à intervalle régulier. Subjuguée.
Est ce que tout ceci sert la trame de l'histoire?
Non, bien sûr que non.
Parce qu'au fond, elle n'a rien de transcendant la trame de "l'écume des jours".
C'est la folie créative de Vian qui en fait tout le charme. De même que ce sont les idées un peu barrées de Gondry qui font tout le sel de cette adaptation. Bricoleur génial qui semble s'être fait plaisir plus que jamais en ne s'interdisant aucune audace, Gondry a, à mon sens, réussi son pari.
Bien entendu, le travail sur les espaces qui rétrécissent et la lumière qui diffuse de plus en plus difficilement est remarquable.
Seul bémol, s'il en faut un pour moi : l'émotion, pas toujours au rendez-vous, la faute au casting sans doute ou à la difficulté pour les acteurs de trouver leur place dans cet univers fourmillant d'objets vivants.
Quoiqu'il en soit "l'écume des jours" version Gondry est une vraie expérience de cinéma.
Un régal pour les yeux que sauront apprécier les fans du réalisateur (dont je fais partie, tu l'auras compris).
Quand le génie des mots de Vian rencontre le génie des images de Gondry et le savoir-faire de l'INPI le résultat est époustouflant.
Merci au Pays Des Inventions qui après nous avoir régalés d'interviews et autres documents en tous genres avant que le film ne soit prêt, a permis à quelques privilégiés dont j'ai la chance d'avoir fait partie de découvrir la version définitive du film dans un décor somptueux, celui de la Halle Freyssinet, où le public lui-même était mis en scène puis que l'endroit avait spécialement été aménagé pour l'occasion en un drive-in, avec hôtesses distribuant pop corn et sucreries pendant la projection -"comme dans un vrai".
Ajoute à cela que sous les verrières de la grande halle lorsque le film a débuté le soleil filtrait, apportant à l'endroit une douce chaleur qui collait bien au début du film, lumineux et joyeux.
Quand la nuit est tombée, la température a doucement diminué, dans une parfaite adéquation avec la seconde partie du film, sombre et petit à petit glaciale. Comme un fait exprès. Parfait.
L'écume des jours est un film qui assomme un peu mais qui se fait une place à nos côtés, lentement.
Après la projection il m'a accompagnée toute la nuit, hantée par ce monde étrange où les objets bougent, changent sans cesse et sont porteurs de messages.
"L'écume des jours" est dès aujourd'hui sur tous les écrans. Une expérience à ne pas manquer!
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